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mardi 29 mars 2011

Entretien du 20 mars 2011 avec le grand rabbin Bernheim

Entretien paru dans le journal le Monde le 20 mars 2011.

"Inquiet de voir les religions et la laïcité instrumentalisées, le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, doute de l'opportunité du débat organisé par l'UMP sur la laïcité et l'islam. Il participera néanmoins à la convention organisée par le parti présidentiel sur ce sujet le 5 avril.
Il se dit convaincu que « les juifs et les musulmans doivent pouvoir assumer et vivre leurs différences dans le respect de la loi républicaine ».
Pour lui, « quand une société en est à chercher des boucs émissaires, c'est qu'elle est très malade ».

Dans le cadre du débat sur la laïcité et l'islam porté par l'UMP et soutenu par Nicolas Sarkozy, vous avez, comme l'ensemble des responsables religieux, rencontré le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé. Que lui avez-vous dit sur l'opportunité d'ouvrir un tel débat ?

Que je n'étais pas convaincu de son opportunité. C'est, à mon sens, une erreur de prétendre poser toutes les questions sous la forme du « débat ». Tout ne se prête pas à cet exercice qui, par définition, suppose un affrontement, fût-il policé.

Le risque est de figer les positions, d'organiser les antagonismes et, en l'occurrence - c'est là le plus grave -, de stigmatiser une partie de la population française. Comme la laïcité n'a pas de raison d'être sans les religions, je serai présent le 5 avril et je dirai que la laïcité n'est pas une doctrine, qu'elle est moins encore la religion de ceux qui n'ont pas de religion, mais qu'elle est un art de vivre ensemble. Je tiens à le dire à un moment où certains, en particulier au Front national, dévoient la laïcité dans le seul objectif de crisper et d'exclure.

La Conférence des responsables de cultes, dont vous êtes membre, a annoncé le 9 mars qu'elle organisera un colloque à l'automne sur la pratique des religions dans la société française. Est-ce un sujet problématique aujourd'hui ? Les nouvelles identités religieuses, parmi lesquelles l'islam, menacent-elles la laïcité ?

Il n'y a aucune contradiction entre laïcité et pratique d'une religion. La neutralité de l'espace public doit être organisée et imposée dans ce sens. Etre neutre, ce n'est ni laisser faire, ni exclure le religieux. Je ne suis pas naïf quand je parle de la laïcité comme art de vivre ensemble, en harmonie et en intelligence.

Les religions, comme la laïcité, sont parfois instrumentalisées avec un esprit de revendication et dans un objectif de confrontation. Je suis opposé à ces dérives. L'islam étant récent en France, l'harmonie peut être plus longue à venir. Cela dépendra aussi de l'Etat. Il ne doit pas oublier que, si la laïcité exige que les pouvoirs publics ne reconnaissent aucun culte, elle leur impose dans le même temps de n'en méconnaître aucun.

Dans quelle mesure le judaïsme, organisé depuis deux cents ans en France, peut-il partager son expérience de la laïcité avec l'islam ?

Les premières traces de vie juive sur le territoire qui deviendra la France remontent à l'Antiquité. Depuis que leur citoyenneté a été reconnue en 1791, l'histoire des juifs et de la France, c'est l'histoire d'un amour, parfois blessé, outragé, parfois même humilié, mais d'un amour quand même, entre deux formes d'universalisme. Nous récitons chaque samedi dans nos synagogues la prière pour la République française.

Le judaïsme et l'islam sont des religions dans lesquelles l'observance des rites a des incidences sur la vie quotidienne (alimentation, port de signes religieux, abattage rituel, non-mixité...). N'induisent-ils pas une « dose » incompressible de communautarisme (écoles confessionnelles, commerces...) ?

Permettez-moi d'abord de souligner que l'observance des rites a la même importance dans les religions chrétiennes, mais vous ne vous en apercevez pas. Notre calendrier prétendument laïque est ainsi calé sur les fêtes chrétiennes : un enfant, en France, n'aura jamais à manquer l'école pour pouvoir fêter Noël. Les juifs et les musulmans doivent pouvoir assumer et vivre leurs différences dans le respect de la loi républicaine. Ils sont les premiers concernés, mais ils ne sont pas les seuls. Qu'ils pratiquent ou non une religion, tous les Français sont concernés par la diversité religieuse dans notre pays.

Je vais prendre un exemple : l'abattage rituel des animaux pour que la viande soit cachère pour les uns, halal pour les autres. J'ai été très choqué par une récente campagne contre l'abattage rituel. Le judaïsme a pour principe de réduire au maximum la douleur animale et aucune méthode d'abattage au monde ne garantit une mort non douloureuse.

Mais le véritable enjeu est ailleurs, plus pervers et plus grave : c'est, hélas, la place des juifs et des musulmans dans la société française.

Que répondez-vous à ceux qui établissent un parallèle entre la situation des musulmans aujourd'hui en Europe et celle des juifs dans les années 1930 ?
Je sais qu'il est souvent difficile d'être musulman en France. Cette difficulté s'alourdit aujourd'hui dans un climat malsain, aggravé par un discours en vogue qui divise au lieu de rassembler. Quand une société en est à chercher des boucs émissaires, c'est qu'elle est très malade.

Je veux donc saisir l'occasion de dire à mes compatriotes musulmans que, précisément, ils sont d'abord mes compatriotes, et que ce qui nous rassemble en France, c'est la République qui nous est commune.

Mais pour répondre à votre question, la folie antisémite qui a déferlé sur l'Europe dans les années 1930 a conduit à la destruction des trois quarts des juifs d'Europe. Un enjeu crucial pour nous aujourd'hui est de mettre à distance cet air du temps qui génère de la confusion et entretient la concurrence des victimes en faisant se télescoper des événements de nature fondamentalement différente. La comparaison à laquelle vous faites allusion est un outrage à la mémoire des victimes de la Shoah.

Propos recueillis par Stéphanie Le Bars "

dimanche 6 mars 2011

"Quand le siècle sera avec D. , Israël sera avec son siècle"

"Quand le siècle sera avec D. , Israël sera avec son siècle"

Samson Raphaël Hirsh

source: Renée Neher-Bernheim, histoire juive de la révolution à l'État d'Israël (p179)

mardi 22 février 2011

Peut être qu'il y a de l'espoir dans le monde arabe finalement ...

Suite du post précèdent  (Faut il voir dans les évènements...),

Concernant la Tunisie, mon ami SBG tunisien et vivant là bas, à une analyse très différente.
Pour lui les évènements qui ont eut lieu en Tunisie ne sont qu'un changement de "sponsor", la France a été remplacé par les États-unis.
Ceci explique sans doute le remplacement en urgence de l'ambassadeur de France à Tunis, coupable de ne pas avoir anticipé les évènements et en réalité victime des mœurs de la 5éme république décadente (affaire MAM, Fillon... ), par  Boris Boillon anciennement ambassadeur de France en Irak.
Ce proche du président Sarkozy, a fait un travail remarquable en Irak et y a acquis entre autre une très bonne connaissance du renseignement.  Sa nomination est une surprise car il était plutôt annoncé en remplacement de Bernard Barjolet, coordinateur national du renseignement.
Les évènements ont sans doute conduit la France a musclé son dispositif sur place, mais hélas trop tardivement.
Selon SBG les États-unis ne supportait plus le déclin de Ben Ali et l'emprise grandissante du clan Trabelsi sur le pays. Quand les premières manifestations ont commencées,  ils ont purement et simplement lâché Ben Ali. Cela éclaire sous un nouveau jour la rencontre d'un représentant de l'ambassade américaine avec le chef d'état major tunisien, et la réaction ou plutôt la quasi absence de réaction des États-unis face aux évènements.
Par ailleurs SBG m'a appris que la nouvelle ambassade des États-unis qui a ouvert à Tunis en 2004 s'étend sur environ 20 hectares et serait la plus grande ambassade sur le continent africain.  Cela confirme selon SBG la place majeur de ce pays pour les États-unis, et s'explique en partie par la position géographique stratégique. Elle est en effet  entouré par la Libye et l'Algérie.

Néanmoins bien que je fasse toute confiance à SBG pour son analyse, je ne la partage pas entièrement. Je reste prudent, la démocratie ne se décrète pas, on c'est ce que l'on perd pas ce que l'on gagne.

Par ailleurs l'absence de réaction américaine et occidentale ont sans doute contribué à la "propagation de l'incendie" en Égypte et par ricochet dans l'ensemble du monde Arabe.
Une fois la mèche allumé, la flamme se propage et ..... boum!!!

Concernant l'Égypte mes craintes se renforcent de jour en jour. Je pense de plus en plus qu'à court terme ce pays basculera quoi qu'il en soit vers une position plus radicale et sans doute aux mains des islamistes.
Les signaux envoyés ces derniers jours par le conseil militaire qui dirige le pays ne sont pas rassurant loin de là. Les nouveaux maitres du régime parle de remettre en cause les accords de Camp David, de même que les différents opposants. Le Sinaï n'est plus contrôlé (le trafic d'armes bat son plein) et est aux mains des trafiquants bédouins et du Hamas ... . Combien de temps faudra-t-il avant que des camps d'entrainement terroristes ne s'installe dans la péninsule?
Par ailleurs le nouveau régime a autorisé le passage à travers le canal de Suez de deux navires de guerres iraniens, que contiennent leurs cales?  Que vont ils apporter en Syrie (et probablement au Liban) ? mystère.
Israël ne peux même pas intervenir, les mains lies par un stupide bout de papier (Mais reconnaissons quand même à sa décharge que cela nous a assuré une paix froide pendant 32 ans).

Au fil des jours j'ai vraiment l'impression que les États-unis navigue à vue en ce moment. Il ne semble pas avoir de politique étrangère claire et comme je l'ai déjà dis dans le post précèdent il perde petit à petit la confiance des dirigeants de la région. Lisez à ce propos les excellents articles de la Metula News Agency (http://www.menapress.org/).

La révolution continue à se propager petit à petit à l'ensemble du monde arabe, derniers pays en date:  le royaume de Bahreïn et la grande Jamahiriya arabe libyenne populaire socialiste (Libye pour les intimes). Pour ce dernier contrairement à la Tunisie et à l'Égypte, on se retrouve à l'heure ou j'écris ces lignes en "terrain connu", le scénario a déjà été joué et rejoué.

 En effet au pays du petit livre vert ou règne notre ami le colonel Kadhafi,

(pourquoi notre ami? rappelons que Mitterrand en interdisant aux avions américains le survol de notre territoire lors de la mission de bombardement de son palais en 1986, lui a sans doute sauvé la vie.
Que Sarkozy l'a reçu en 2008 avec faste et honneur sans lui parler de sujet bénin comme les droits de l'Homme, le financement d'activité terroriste, l'emprisonnement de gens sans motif valable, prise en otage de notre voisin suisse... et ceux pour ne pas gêner la vente d'armes et notamment l'avion Rafale.
Heureusement cela ne c'est pas fait.
La France a beau jeu aujourd'hui de s'offusquer et de pousser des cris de vierge effarouché, cela serait plus crédible si sa politique étrangère avait suivi une ligne cohérente avec ses valeurs...)

ce dirigeant parfaitement équilibré psychopathe, régnant depuis peu au pouvoir depuis plus de 30 ans, amoureux des droits de l'Homme tortionnaire,  a fait comme tous ces amis dictateurs avant lui, il a donné l'ordre à l'armée de tirer (contrairement au Rais Moubarak et au président à vie Ben Ali) sur la foule. "Normalement" cela aurait du écraser dans l'œuf toute envie et tentative de soulèvement et de révolte.
Contrairement " à ce qui se passe d'habitude",  malgré les tirs de l'armée, l'intervention de l'armée de l'air qui tirent sur la foule (cela doit être une boucherie sans nom), la révolte continue et s'amplifie dans tous le pays.

 Faut il y voir une lueur d'espoir pour le monde Arabe? Je ne sais pas mais espérons le.

Une pensée ce soir à tous les manifestants qui ont donné leur vie pour la liberté, espérons que cette fois ci leurs morts ne soient pas vaines.

B.

ps 1: Quid de l'Iran, la révolte s'emparera telle aussi de ce pays?

ps 2: Dans un prochain article j'essayerai de parler des conséquences  probables sur approvisionnement en pétrole de l'occident et sur les répercussions économiques potentielles.

ps 3: Dans un autre article, j'essayerai d'analyser les conséquences probables pour Israël.

lundi 14 février 2011

Faut il voir dans les événements actuels les prémices de la démocratie dans le monde arabe?

Le texte suivant est une réponse à une discussion que j'ai eu avec un vieil ami au sujet de l'Égypte.

La question étant: 
"faut il voir dans les événements actuels les prémices de la démocratie dans le monde arabe ou au contraire être extrêmement circonspect?"
S. penche pour la première hypothèse. Quand à moi je tend vers la seconde. Voici ma réponse (légèrement abrégé):
(Je n'ai pas mis tous les posts qui ont aboutis à cette réponse, dans un premier post j'insistais lourdement sur le rôle probable de l'Iran dans la conduite des événements).


Tu ne me feras pas croire que tout cela arrive par hasard aujourd'hui sans aucun facteur externe. Probabilistiquement parlant cela ne tient pas la route.


Les gens et les journalistes comparent ce qui passe aujourd'hui dans le monde arabe à l'effondrement de l'union soviétique symbolisé par la chute du mur de Berlin.
Mais il oublie un élément primordiale a savoir que cette chute n'a été rendu possible que par un très grand président (qui entre parenthèse aurait mérité le prix nobel contrairement à son successeur): Ronald Reagan.
L'Homme qui avait déclaré la guerre à "l'empire du mal" en lançant le concept de guerre des étoiles, en relançant la course aux armements, en ayant une politique étrangère offensive.... (même si comme toute politique celle ci a son revers de la médaille, je pense notamment a l'Afghanistan).


Quel sont les facteurs pouvant expliquer ces révolutions (cela mérite un post à lui tout seul)?                  
Je ne sais pas, mais la ou tu as raison, c'est de considérer  le mec qui s'est immolé en Tunisie comme l'étincelle qui a provoqué l'explosion dans le monde arabe.
De même que l'assassinat de l'archiduc François Joseph à Sarajevo n'est pas la cause de la première guerre mondiale mais juste le prétexte qui a servi de détonateur.
Autre cas de figure légèrement différent, La réoccupation de la Rhénanie par l'Allemagne en 1936 a permis a celle ci de tester la réaction et la détermination française à défendre ces intérêts et ces engagements.
Le résultat fut tellement concluant que par la suite l'Allemagne occupa les Sudètes puis annexa l'Autriche.... (Je me servirais de cette exemple par la suite pour montrer comment l'attitude actuelle des États-unis est dangereuse pour la survie du monde libre).


Les événements de Tunisie ont contribue a la déstabilisation de l'ensemble du monde arabe. Mais comment cela a été possible?

Acte I, scène 1
Si on part du constat suivant, à savoir que la Tunisie est sans aucun doute le pays le plus développé du Maghreb, avec des gens biens formés et éduqués, une économie diversifié ne reposant pas que sur le tourisme et le textile avec une croissance forte, une situation sécuritaire jusque la calme. Et des islamistes muselés et sous contrôle.
Avec comme hypothèse que les troubles sont due aux faites que les agissement du clan Trabelsi soient devenues à la longue insupportable pour la population tunisienne, qui n'a plus supporté ni le racket ni la mise en coupe réglé de l'économie.

Examinons maintenant ce qu'il se passe généralement quand la rue s'agite dans le monde Arabe:
Le dictateur en place laisse plus ou moins la rue s'agiter et décide ou non de faire des concessions. Quand il estime que cela a assez duré il emploie de façon quasi systématique la force.


Par exemple Hafez le Assad n'a pas hésité à faire massacré plus de 20 000 personnes dans la ville de Hama dans les années 80 le roi Hussein de Jordanie n'a pas hésité a massacré les palestiniens dans les années 70.


Quand les émeutes ont débutées tout le monde s'attendait au même scénario, qui semblait couru d'avance.
C'est comme une partie d'échec dont on connait déjà la stratégie employée et le résultat ou comme une partie de poker truqué.
Avec néanmoins une nouveauté extrêmement importante, a savoir qu'on est rentré dans l'ère de l'information en temps réel. Tous les spectateurs de ce "Drama", y compris les populations sous le joug d'un dictateur, pouvaient suivre en temps réelle, que ce soit grâce à une parabole satellite ou à internet, l'évolution quasi en temps réelle de la situation.
A ce moment là, tous les spectateurs et en particuliers ceux du monde arabe étaient en train de regarder "distraitement" un film dont il connaissait déjà la fin.
La Tunisie et son président Ben Ali étant un allié vitale de l'occident, il semblait impensable que celui-ci le laisse tomber, par ailleurs le pays était fermement tenu.
Au début, il y a donc des manifestations, mais elles restent sous contrôle (jusque la rien d'anormal). Puis elle s'amplifie de jour en jour, avec ce symbole fort d'un homme qui s'immole pour protester. La comme tu le relève une dynamique se met en place.
Sauf que normalement dans le scénario, Ben Ali est censé faire des concessions mineures et tout devrait rentrer dans l'ordre. Or rien ne se passe comme prévu, les manifestations s'amplifient, le tourisme et le premier secteur économique a être touché....
Normalement on aurait du entendre: STOP FINI DE JOUER.
Au lieu de ça aucune réaction du pouvoir, ni intervention militaire. Tout le monde attend, tout le monde observe, regain d'intérêt chez les spectateurs, pourraient t'il s'agir d'un nouveau scénario?
Serait il possible que l'armée ne soit plus contrôlé par le pouvoir, que feront la France et les États-unis? Suspens.
La situation dégringole, l'économie est paralysée, toujours pas de réaction occidentale, sauf si l'on considère que MAM a voyagé à l'œil en Tunisie pour les vacances de noël, qu'Obama se dore la pilule à Hawaï jusqu'au 4 Janvier, et qu'un haut responsable américain a rencontré le chef d'état major tunisien (ce qui expliquerai que l'armée ait lâché Ben Ali...).
A ce moment précis tout le monde, que ce soit le monde occidental, le monde arabe, l'Iran, ... , se rend compte que rien ne se passe comme prévu. L'armée ne semble plus obéir au pouvoir. Tout s'accélère et finalement Ben Ali prend le chemin de l'exil après plus de 20 ans passé au pouvoir.
Fin de l'Acte 1 scène 1


(Nb: Savoir bien choisir sa seconde femme est indispensable quand on est dictateur, on l'a encore vue avec Ben Ali mais on l'avait aussi vu avec le Shah d'Iran...)


Entracte
-L'impensable s'est produit: la chute d'un dictateur en moins de 2 mois avec quasiment aucune effusion de sang.
-L'occident n'hésite pas à lâcher le seul ilot de stabilité du Maghreb.
- Quel va être l'avenir de la Tunisie? Tout le monde parle d'instauration de la démocratie, mais je note surtout le retour du leader islamiste tunisien Ghannouchi.
- L'Iran ou tout ennemi du monde occidental se disent à ce moment là qu'il y'a peut être un "coup à jouer".
-Une dynamique s'est mis en place (pour reprendre tes termes), la rue arabe et notamment égyptienne se disent si ils y sont arrivés pourquoi pas nous?


Acte 1, Scène 2
Égypte, année 2011, 30éme année du règne du pharaon Moubarak.


C'est La Puissance militaire du moyen orient (coté arabe), le leader du monde sunnite, et l'allié arabe n°1 des États-unis dans la guerre contre le terrorisme. Son armée est puissante et bien entrainé et entièrement équipé par les États-unis.
Il existe historiquement une forte opposition islamiste représenté principalement par les frères musulmans (mouvement qui a été fondé en 1928).
Par ailleurs, la capitale de ce beau pays (du moins je suppose, je n'ai jamais visité), le Caire est le berceau de l'islam sunnite. C'est de l'université Al Azhar (qui a été fondé en 969) que sortent tous les décisionnaires sunnites. 

Il semble impensable que le pouvoir puisse ne serait ce que vacillé en Égypte (la population est soumise aux lois d'état d'urgence militaire depuis 1981).
Quand les premières manifestations débutent, c'est la surprise (sauf pour les médias, qui estiment que c'est dans le prolongement de ce qu'on a observé en Tunisie).
Et tous les médias occidentaux (pour les autres il serait intéressant de vérifier) rappelle que l'Égypte n'est pas la Tunisie. Sous entendue, cette fois ci il y'aura répression si nécessaire.
A priori, cette fois ci le film se déroulera normalement sans imprévu ni rebondissement. On assistera au cycle classique: "Manifestations, Répression."
Première leçon tiré de la révolution tunisienne, le "circulez il n'y a rien à voir" n'est plus de mise. A l'heure de l'information temps réelle tout ce sait, tout ce voit.
 (J'attend avec impatience les premières analyses historique de cette révolution des médias).
Il semble alors inimaginable que les États-unis laissent tomber leurs plus proche allié (encore plus proche que l'Arabie Saoudite), pourtant les médias semblent avoir oublié comment Carter a laissé tombé le Shah en 1979.
Au début, donc tout le monde est persuadé que contrairement à la Tunisie, cette fois ci le scénario se déroulera comme prévu. Il y a des manifestations, le pouvoir dit comprendre le peuple et fait des concessions...
Sauf que ... le peuple en veut toujours plus et que les manifestations ne font que s'aggraver et s'étendent peu à peu à tout le pays, l'activité touristique diminue de jour en jour et toute l'économie se retrouve bientôt paralysé.


 La ou je ne te rejoint pas S. , et c'est une des principales différences avec la Tunisie, c'est sur les manifestations.
Au début, elle semblait spontané, mais au fur et à mesure qu'elles s'étendent et gagne en intensité, elle s'accompagne d'actes qui ne laisse à mon sens peu de doute sur le caractère organisé de ce soulèvement populaire.
Il a été observé des incendies d'immeubles, des prisons attaqués pour faire libérer des prisonniers.
(Lire à ce sujet l'article de la MENA "Égypte ras le bol des simplistes "que je te transfère par mail).
Quels sont les prisons qui ont étés attaqués et quels sont les prisonniers qui ont étés libérés ????
Ce ne sont ni les prisons abritant les droits communs ou criminels, ni celles "hébergeant" les journalistes, opposants, intellectuels qui ont étés attaqués, mais bien celle ou étaient enfermés les terroristes et les islamistes (parmis lequels de nombreux frères musulmans) !!!!!! Ce n'est absolument pas du au hasard. Et c'est pour cela que je ne suis pas entièrement d'accord avec toi. Quand une attaque à la voiture bélier est planifié sur une prison en plein cœur du Caire, Ça montre bien que ce soulèvement n'est pas si spontané que cela.
Les frères musulmans seuls ou avec leurs sponsors ont allumés les braises et ont attendu que le feu prenne avant de se manifester!!!!
Il me semble que beaucoup d'islamistes soit dans la nature aujourd'hui par contre les intellectuels, journalistes, prisonnier d'opinion eux sont encore en taule!!!!


On aurait pu croire après ces premiers coups de forces que le pouvoir userait de la force pour rétablir le calme.
Encore une fois le scénario ne se déroule pas comme prévu et on assiste à des concessions et encore des concessions: Tout d'abord Moubarak annonce qu'il ne se représenter pas en septembre (il en avait de toute manière pas l'intention, ce qui était prévu à la base c'est que ce soit son fils Gamal qui prenne la relève), puis la colère populaire ne se calmant toujours pas, il nomme un vice-président, avant de finalement abdiquer.


Rien ne suffit à calmer le peuple, et certains se demande alors pourquoi l'armée n'intervient elle pas? Moubarak la contrôle elle encore????
Que font les États-unis, pourquoi ne soutiennent elles pas leur allié???
La réaction dans la région est unanime (c'est rare pour une fois qu'Israël et ces voisins sont d'accord ça mérite d'être souligné) les États-unis ont lâchement abandonnés leurs alliés (l'administration OBAMA est hors jeu) et ne sont plus considérés comme partenaire fiable.
Le monde sunnite a tellement peur de la chute du régime et de l'ascension des islamistes soutenus par le monde chiite, que l'Arabie saoudite a proposé de prendre financièrement le relais des États-unis !!!!


Quels sont au juste les revendications des manifestants?
Certes la population égyptienne est maintenu dans la misère, le pays n'est pas alimentairement autosuffisant, la répartition des richesses et une vaste plaisanterie, mais quel rapport avec la démocratie? en quoi la démocratie corrigera ces maux?
Par ailleurs, on lit que l'armée a toujours le respect des égyptiens, mais que je sache l'armée joue un rôle clé dans l'économie égyptienne elle contrôle de nombreux secteurs clés par l'intermédiaire de nombreuses entreprises et est par ailleurs partenaires de pleins d'autres. Elle a elle aussi sa part de responsabilité dans la situation actuelle, en quoi aurait elle intérêt à changé les règles du jeux?
Pour en revenir au concept de démocratie, en quoi celle ci corrigera ces maux?


L'Inde est la plus grande démocratie au monde et pourtant elle connait les mêmes problèmes me semble t'il? La démocratie n'a jamais été gage de prospérité.


Par contre elle a permis des partis que je ne sais comment nommer, extrémistes? génocidaires? Suicidaire? de prendre le pouvoir !!!! (Cf: NSDAP, parti communiste, FIS en Algérie mais l'armée l'a empêché de gouverné,...)


Comme le dit si justement Roger Cukierman la démocratie ne se décrète pas!!!
(http://www.israelvalley.com/news/2011/02/10/30306/israelvalley-la-democratie-ne-se-decrete-pas-le-revenu-de-l-egypte-et-d-israel-est-de-216-milliards-israel-a-7-5-millions)


Ne soyons pas naïf. Ce message de démocratie me semble destiné à nos oreilles d'occidentaux pour apaiser nos craintes et nos doutes.
On ne sait toujours pas au juste quels sont leurs vraies revendications!!!!
Si il y'a des élections libres et transparentes (en clair soumis au contrôle d'observateurs internationaux), les frères musulmans  remporteront haut la main ces élections, et après quoi?
(A noter qu'avant même la chute du Rais Moubarak, il est clairement question de discuter et de trouver un accord avec les frères musulmans).
Soit on se retrouve dans une situation type Algérie 1990 (l'armées n'abandonne pas le pouvoir, une guerre civile éclate...), soit avec une république islamique d'Égypte?


Désolé S. mais je ne crois vraiment pas à une dynamique de liberté et démocratie dans les pays arabes.


Par ailleurs, tu parlais du Maroc et de l'Algérie. Concernant le Maroc, M6 a déjà fait une visite ultradiscréte à Paris pour consultation au plus haut niveau. Si des troubles sérieux éclate au Maroc, je pense qu'il n'aura d'autre choix si il veut garder son trône de faire intervenir l'armée (à condition que celle ci lui obéisse encore...), comme l'a d'ailleurs fait son père autrefois.
Le cas de l'Algérie rejoint un peu celui de l'Égypte dans le sens ou Boutlefika est semble t'il atteint d'un cancer tout comme Moubarak d'ailleurs (qui serait en phase terminale d'un cancer des voies digestives et hospitalisé à l'heure actuelle en Allemagne).
La nature ayant horreur du vide, la question a 1 millions milliards de $ est :


Va t'on assister à une continuité de régime (dans ce cas on a pas trop à craindre) ou au contraire à des changements radicaux???? (et dans ce cas prions....)


Pour finir, je reconnais que mon post précèdent était très focalisé sur l'Iran et que lui ai peut être prêté (et encore je pense quelle a joué un rôle clé) trop important. N'empêche que quand on regarde a qui profite la situation actuelle, mon regard se tourne vers eux et vers les ennemis de l'occident.


B.

mercredi 29 décembre 2010